Abidjan et le reste du pays : Réduire les inégalités économiques

La Côte d’Ivoire affiche une croissance économique de 7 % par an depuis une décennie. Pourtant, cette performance masque un déséquilibre territorial majeur. Abidjan concentre 74,8 % des entreprises formelles, tandis que le reste du pays et les autres grandes villes comme Bouaké ou Korhogo, ne dépassent pas 2 %. Les conséquences sont visibles : exode rural, saturation urbaine, cherté du logement, infrastructures insuffisantes, tandis que le reste du pays souffre d’un manque d’opportunités et d’un déficit d’infrastructures. Un jeune de Bondoukou a cinq fois plus de chances de trouver un emploi s’il part à Abidjan.

Carte Occupation Abidjan et le reste du pays

Pour réduire ces inégalités, l’État ivoirien et ses partenaires internationaux développent des stratégies de décentralisation économique, d’industrialisation régionale et d’amélioration des infrastructures.


Pourquoi Abidjan domine le reste du pays ?

Abidjan, avec 5 millions d’habitants, concentre 80 % de l’activité économique nationale. Selon le Répertoire National des Entreprises 2023, la ville abrite 47 248 entreprises formelles, contre seulement 1 554 à Bouaké. Les raisons de cette concentration :

  • Infrastructures modernes : port, aéroport, réseau routier développé.
  • Présence des sièges d’entreprises et des institutions financières.
  • Main-d’œuvre qualifiée et accès aux services de formation.

Cependant, cette centralisation crée des problèmes : loyers élevés, bouchons interminables, inégalités d’accès aux services, et croissance des quartiers précaires L’écart entre Abidjan et le reste du pays est visible dans plusieurs secteurs:

Indicateur Abidjan Reste du pays
Accès à l’électricité 100 % 48,6 %
Internet Haut Débit 80 % 25 %
Taux d’urbanisation 92 % 45 %
Entreprises enregistrées 74,8 % 25,2 %

  Sans électricité stable, impossible pour un entrepreneur de conserver ses produits ou pour un artisan de travailler efficacement. Un producteur de cacao du Nord perd 30 % de ses revenus uniquement à cause des frais de transport élevés.

Depuis l’indépendance, la Côte d’Ivoire fonctionne avec un modèle de gouvernance centralisé, donnant peu de pouvoirs aux régions. En 2023, 63 % des investissements publics en infrastructures étaient encore destinés à Abidjan.

Les solutions pour réduire l’écart entre Abidjan et le reste du pays

Le gouvernement a lancé des Zones Économiques Spéciales (ZES) pour inciter les entreprises à s’installer hors d’Abidjan.

  • Avantages fiscaux : une entreprise qui s’installe à Daloa bénéficie de 5 ans d’exonération fiscale.
  • Infrastructure améliorée : construction d’un hub logistique à Bouaké, relié au corridor Abidjan-Ouagadougou.

25 % des nouvelles usines pourraient choisir ces zones d’ici 2030.

L’État a initié plusieurs réformes pour permettre aux régions de mieux gérer leur développement dont le soutien aux jeunes entrepreneurs en milieu rural et le programme « Côte d’Ivoire Digital 2025 » visant à améliorer l’accès à Internet dans les zones rurales.

Défis persistants et perspectives

Selon Transparency International, la Côte d’Ivoire est classée 104ᵉ sur 180 pays en matière de corruption. Le Plan National de Développement 2021-2025 prévoit 40 % du budget pour l’éducation et la santé. Pourtant, seuls 12 % des fonds atteignent les régions du nord. La Banque Mondiale recommande un ciblage géographique des dépenses pour corriger cette disparité. L’objectif du gouvernement est de créer plusieurs pôles économiques en dehors d’Abidjan :

  • San Pedro : futur hub portuaire de la sous-région.
  • Bouaké : centre logistique et industriel.
  • Korhogo : pôle agro-industriel.

Pour que ces projets réussissent, il est essentiel d’impliquer les populations locales. À Man, les chefs traditionnels participent désormais aux décisions d’urbanisme, garantissant un développement adapté aux réalités locales. Investir dans les régions, c’est comme planter plusieurs arbres fruitiers au lieu d’un seul : cela garantit un développement plus stable et durable.