La Côte d’Ivoire consacre 26 % de son budget 2025 à la dette

Avec un budget record de 15 339,2 milliards de FCFA pour 2025, la Côte d’Ivoire réaffirme son engagement à maîtriser sa dette publique. Toutefois, 26 % de cette enveloppe – soit 4 121 milliards de FCFA – seront dédiés au service de la dette, selon les données officielles présentées par le ministre des Finances, Adama Coulibaly. Un chiffre qui soulève des questions sur l’équilibre entre rigueur budgétaire et financement des priorités sociales.

Le budget 2025 en hausse, mais sous pression

En progression de 11,8 % par rapport à 2024, se structure autour de trois pôles principaux:

  1. 9 843,9 milliards de FCFA pour les dépenses budgétaires courantes (fonctionnement, investissements, etc.)
  2. 4 121 milliards de FCFA pour le remboursement de la dette (capital + intérêts)
  3. 1 374,3 milliards de FCFA pour les comptes spéciaux du Trésor

Cette allocation place le service de la dette comme deuxième poste de dépense, juste derrière les investissements publics. À titre de comparaison, les dépenses d’éducation et de santé représentent respectivement 12 % et 7 % du budget total.

Dette publique : un niveau maîtrisé mais en croissance

 

Fin juin 2024, la dette publique s’élevait à 28 944,7 milliards de FCFA (55,2 % du PIB), en deçà du plafond de 70 %fixé par l’UEMOA. Cependant, les projections anticipent une hausse à 34 656,7 milliards de FCFA d’ici fin 2025, soit 60 % du PIB.

Composante

Montant (en milliards FCFA)

Part du total

Dette intérieure

16 200

47 %

Dette extérieure

18 456,7

53 %

Le gouvernement maintient sa stratégie d’équilibre entre ressources internes et externes:

  • 45 % de financement extérieur 
  • 55 % de financement intérieur 

Grâce à sa notation B+ par Fitch Ratings, le pays émet des obligations à des taux attractifs :

  • 5,75 % pour l’émission de 2024 sur le marché international
  • 6,25 % en moyenne sur le marché régional de l’UEMOA, contre 7,5 % pour ses voisins.

Pressions sur les dépenses sociales

L’allocation massive à la dette limite les marges de manœuvre :

  • Le budget santé par habitant stagne à 18 500 FCFA/an (28 €), loin des 46 000 FCFA recommandés par l’OMS.
  • Pas plus de 5% du budget est consacré à l’agriculture, secteur clé pour 60 % de la population active.

Selon le rapport de la DGBF, un ralentissement de la croissance sous 6 % (contre 7,2 % prévus en 2025) pourrait faire basculer le ratio dette/PIB au-dessus de 65 %, menaçant la soutenabilité.

Le gouvernement table sur :

  • Un déficit budgétaire contenu à 3 % du PIB
  • Une croissance moyenne de 6,8 %/an
  • Une réduction du ratio dette/PIB à 53,4 % d’ici 2027

Projection du service de la dette

Année

Montant (en milliards FCFA)

Part du budget

2025

4 121

26 %

2026

4 050

24 %

2027

3 980

22 %

Source : Stratégie de Gestion de la Dette à Moyen Terme 2022-2026

Les organisations civiles dénoncent un « effet d’éviction » des dépenses sociales. En 2024, les subventions à l’électricité ont déjà été réduites de 37,6 % pour compenser les charges de la dette. En synthèse, la Côte d’Ivoire marche sur une ligne de crête : maintenir sa crédibilité financière tout en préservant les investissements structurants.