La Côte d’Ivoire connaît une croissance économique rapide, mais cette dynamique repose en partie sur un endettement croissant. En 2023, la dette publique représentait environ 58 % du PIB. Le gouvernement affirme qu’elle reste soutenable et qu’elle permet de financer des infrastructures essentielles. Cependant, certains experts s’inquiètent d’une dépendance accrue aux marchés financiers et d’un risque de surendettement. Faut-il s’inquiéter ? La dette ivoirienne est-elle un moteur de développement ou une menace pour l’économie du pays ?
Certains économistes dénoncent un endettement jugé peu productif. Plusieurs projets d’infrastructure offrent un rendement inférieur à 8 %, ce qui signifie qu’ils ne génèrent pas assez de revenus pour couvrir les coûts d’emprunt.
La part du budget consacrée aux dépenses sociales a baissé ces dernières années. En 2015, 18 % des ressources publiques étaient allouées à la santé et à l’éducation, contre seulement 12 % en 2023.
Certains projets coûtent également plus cher que prévu. Le barrage de Soubré, par exemple, a engendré un surcoût de 30 %.
Un autre problème vient du mode de financement de la dette. Aujourd’hui, 70 % du remboursement des emprunts est financé par de nouveaux crédits. Ce phénomène, appelé effet boule de neige, peut rendre la dette de plus en plus difficile à maîtriser.
Une dette qui a explosé depuis 10 ans
La dette publique ivoirienne est passée de 2 000 milliards de FCFA en 2012 après l’effacement d’une partie de sa dette grâce à l’initiative PPTE à 28 944,7 milliards FCFA en 2024, soit une multiplication par 14 en valeur nominale en une décennie. Cette forte augmentation s’explique par plusieurs facteurs. Après la crise post-électorale, le pays a investi massivement pour reconstruire ses infrastructures. Entre 2011 et 2015, environ 6 000 milliards de FCFA ont été dépensés pour réhabiliter les routes, les écoles et les hôpitaux. Les chocs économiques mondiaux ont également joué un rôle. La pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont affaibli l’économie et poussé l’État à emprunter davantage pour soutenir la population et les entreprises. Enfin, le gouvernement a engagé d’importants projets d’infrastructures pour moderniser le pays et attirer les investisseurs.Une Dette Soutenable ou Risquée ?
Selon le FMI, la Côte d’Ivoire est classée dans la catégorie des pays à risque modéré en matière de dette. Cette situation signifie que le pays n’est pas encore en difficulté majeure, mais qu’il existe plusieurs signaux d’alerte. Le service de la dette absorbe 42 % des ressources propres de l’État, ce qui réduit la capacité du gouvernement à financer d’autres dépenses essentielles. La pression fiscale est relativement faible, atteignant seulement 13,6 % du PIB contre une moyenne africaine de 17 %. Une part croissante de la dette est levée sur les marchés financiers internationaux, où les taux d’intérêt sont plus élevés. Toutefois, le seuil critique de 70,29 % du PIB n’est pas encore atteint. La Côte d’Ivoire bénéficie toujours d’une notation souveraine BB-, qui témoigne d’une certaine confiance des marchés.